L’air manque.
Quand on est tout seul l’air est respiré moins vite, on tient plus longtemps. Mais quand on est deux dans un petit espace, l’air se vide plus vite. 24h à vivre ne devient plus que 12h à vivre.

L’air manque encore et encore.
Comment Isaak a pu en arriver là ? Avant de vous raconter comme il a fait, racontons son passé.

Il n’a jamais connu réellement sa véritable famille. Il a été placé en famille d’accueil assez tôt. Sa famille il n’a jamais cherché à les retrouver, il se sentait bien dans cette famille qui l’avait chaleureusement acceptée, alors qu’ils n’avaient aucun lien de sang.  Depuis tout petit il s’intéresse à l’archéologie, à l’histoire des autres peuples. L’anthropologie l’intéressait aussi, les ossements. Enfin bref il avait une vie pas comme les autres étant petit. Il était le garçon qui disait vouloir devenir archéologue tandis que ses camarades voulaient devenir astronaute pour toucher la lune.

Il n’a vécu que pour une chose devenir archéologue. Il ne faisait que bosser. Il ne cherchait pas à avoir des amis, il ne cherchait pas à avoir une copine, il ne cherchait pas à sortir. Il n’a vécu que pour ses études, il ne faisait qu’étudier pour pouvoir voyager, avoir son diplôme. Il a eu des difficultés, il a dû s’accrocher pour bien y arriver. Mais sa « famille » était toujours là pour lui. Ils étaient là pour l’encourager, ils faisaient en sorte qu’il soit dans le meilleur environnement pour avoir son diplôme qu’il réalise ses rêves, car comme disait son « père » c’était un « petit avec un avenir prometteur ».

C’est ce qu’on pense tout au début.
Après avoir eu son diplôme, après avoir eu son permis, un appartement, il pouvait enfin exercer le métier de ses rêves. On dit que la première « mission » est toujours stressante. On a un peu peur, mais il parait aussi que c’est la plus intense, qu’on sait pourquoi on a choisi ce métier.

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Ce n’était pas vrai.

Isaak était parti au Laos. Il y avait un site qui n’attendait qu’eux. C’était un endroit si magnifique. Il était émerveillé de voir un pays comme ça les paysages étaient si beaux. Il n’avait pas de mots. Ils étaient arrivés sur le site. Tout allait bien, mais quand ils avaient commencé à délimiter le périmètres une dizaine de personnes étaient venus les voir. Au début personne n’avait bougé. Personne n’avait osé bouger surtout.  Isaak était jeune et encore plein de fougue. La fougue de la jeunesse comme on dirait. Il était allé vers eux. Il avait demandé ce qu’ils voulaient et pour toute réponse ils n’ont eu droit qu’à des coups.

Oui, une véritable torture. Ces hommes n’étaient certainement pas méchant de base, ils voulaient juste protéger le site, mais de la mauvaise manière. Des bras ont été cassé, des pieds ont été brisé avec des coups répétitifs.
Isaak lui, il a eu droit à des coups de couteaux. Au visage, au torse, vers le cou, sur les bras. L’armée qui avait eu vent de ces personnes qui ne faisaient qu’agresser était arrivée. (C’était un site qui était sous la responsabilité de l’armée d’où le fait qu’ils soient intervenus). Ils avaient été sauvés.

Isaak resta choqué de cet événement.
Il se rappelle sous la tente tout le monde se faisait soigner, il avait tourné la tête pour voir ses collègues. Il avait vu cette jeune femme qui le fixait. Il avait tourné le regard assez rapidement. Son visage était défiguré, il ne voulait pas se sentir jugé par quelqu’un. Il n’a pas pu repartir en voyage tout de suite, il devait d’abord voir un psychiatre par rapport au fait qu’ils avaient tous été torturés.

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Il a fait plusieurs séances. Il avait peur de repartir, mais il disait toujours au psychiatre qu’il ne pouvait pas abandonner son métier, il n’avait pas fait des études pour rien, puis il aimait ce qu’il faisait.

Son psychiatre lui avait conseillé de repartir. Partir pour vaincre sa peur. Il avait décidé de le faire. Tout s’était bien déroulé, mais il devait toujours voir son psychiatre, car la peur ne partait pas aussi facilement. Il avait toujours cette peur de retomber sur quelqu’un qui allait faire du mal à son équipe, ça lui arrivait même quand il était dans son pays de naissance.
Au fil du temps il a retrouvé sa famille biologique grâce à son psychiatre qui avait soulevé d’autres problèmes chez Isaak. Mais ce ne fut que de courte durée.

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Il devait repartir. Il avait encore cette angoisse, mais cette fois elle était encore plus présente, il avait sa famille adoptive, sa famille biologique. Cette peur de ne pas les revoir pendant le voyage lui faisait extrêmement peur.

Ils étaient partis en Égypte. Alors qu’il s’était éloigné avec un collègue pour explorer un peu plus pour voir si tout était sécurisé et si tout était facile d’accès quelque chose explosé, il y a eu un effondrement. Isaak dans un élan de on ne sait quoi exactement, il a poussé son collègue et c’est lui qui se prit la pierre sur sa jambe. Au début grosse panique. Mais petit à petit, ils ont repris leur calme et ils ont réussi à enlever la pierre sur la jambe d’Isaak. Celui-ci c’était mis contre le mur à ce moment. Ils avaient hurlé au moins cinq minutes.

Mais quelque chose en Isaak se brisa une nouvelle fois.
Cette envie de vivre n’avait pas duré.
Cette envie de vivre était partie en voyant le petit espace où ils étaient enfermés. Il avait vite fait le calcul.

24h il aurait pu survivre tout seul, mais étant avec quelqu’un et le fait qu’il respirait bien plus vite avec sa blessure et la chaleur réduisait le temps de survie. L’air manquerait plus vite. 12h à vivre seulement. Ses collègues avaient 12h pour les trouver.

Il n'y croyait pas. Il n'y croyait plus. Il n'avait presque pas d'espoir.

Peu à peu il sentait quelque chose en lui partir. Il commençait à voir flou. Il n'entendait presque plus la voix de son collègue qui commençait à délirer, pensant à un complot pour s'être fait avoir une seconde fois. Il n'entendait plus rien.

Il ne voyait plus rien.
C'était devenu le néant.

Il ne savait pas s'il était vivant ou mort. Si quelqu’un l'avait retrouvé ou non, mais en ouvrant légèrement les yeux. En reprenant sa respiration en sentant l'air, il pensait avoir été secouru, mais voyant qu'il n'était pas là où il devrait être... Il fut pris d'un doute.

Est-ce qu'il était mort ou est-ce qu'il dormait juste ?
C'est la seule question qu'il se posa en se sentant ni vivant ni véritablement mort.